En novembre-décembre la Galerie Ruffieux-Brill accueille une exposition en mémoire de cette période de notre Histoire. Engagée dans une démarche artistique qui rend hommage aux hommes et leurs correspondances, j'ai pu réunir autour de ce projet quatre autres plasticiens : Danielle Berthet (artiste de la galerie), Séra, Agathe Eristov et Ghislaine Escande (artistes parisiens).
Dans "Correspondances" l’artiste mixte non seulement photographies et interventions picturales. Elle y joint les lettres des soldats d’un front particulier. [...] Les photographies laissent croire dans leur mise en scène à des interludes d’invulnérabilité contredits par les interventions impertinentes d’Elisa Fuksa-Anselme.
L’artiste sait créer une concordance contrariée des mots et des photographies en introduisant un enfer noir dans une feinte de paradis blanc où les soldats se déploient parallèlement à leur fatigue [...]
Mais Elisa Fuksa-Anselme jette le trouble et son acide sur le miel de la propagande officielle. Les soldats et leurs messages comme éjectés du cadre, sont réduits à des portions déjà congrues, déjà proche de l’horizontalité. L’implication picturale produit l’approche des suffocations des héros. Ils sont réduits à une colonie pénitentiaire au sein des simulacres qu’ils doivent jouer pour éloigner l’angle plat du réel en une mythologie guerrière. Et ce afin d’exalter le patriotisme, rassurer leur proche et peut-être se rassurer eux-mêmes [...]
Extrait d'un texte de Jean-Paul Gavard-Perret, écrivain et critique d'art contemporain. Chambéry.