Naître dans le Frioul à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, passer sa prime enfance dans une maison surpeuplée où il n’y a pas grand-chose sur la table pour accompagner la polenta, s’extasier sur l’orange reçue en cadeau à Noël… Comment ne pas l’aimer cette petite Anita qui pourtant sourit 80 ans plus tard :
« Tu sais, on n’était pas malheureux ». Force de caractère puisée dans l’amour de ses parents : Luisa qui s’épuise à toutes les tâches dans la maison d’une belle-mère acariâtre, Gino qui part en éclaireur vers un eldorado français, où la situation n’est guère plus brillante, mais où la reconstruction et les usines ont besoin de main-d’œuvre. Le regroupement familial, l’inhumanité de l’office d’immigration, la précarité des premières installations… tout cela vu à travers des yeux d’enfant.
Et si Elisa Fuksa-Anselme affirme que son nouveau roman reste une fiction, c’est qu’elle apporte à cette histoire son regard plein d’empathie, fort et tendre à la fois.
Pierre Dompnier