C’est l’histoire d’une trouvaille : une collection de plaques photographiques, de négatifs, témoignages épars mais ô combien émouvants, monde devenu pour nous exotique...
Dès les années 20, avec son appareil à soufflet, un instituteur de montagne s’est fait le reporter de son environnement. À travers les images de cet amateur passionné, se perçoit un talent digne des grands noms de la photographie. Cadrages, regards, petites mises en scène, il y avait déjà du Robert Doisneau ou du Edouard Boubat dans tout cela!
Cela n’a pas échappé à Elisa Fuksa-Anselme, photographe et plasticienne, qui met ici son art au service de ce petit trésor. Un temps de création où la couleur vient se superposer dans ses aplats, ses matières, ses transparences, sur le sépia des compositions photographiques. Une sorte d’hommage aussi, où le pictural se mêle au plaisir de faire revivre un quotidien d’un autre âge, ressurgir une mémoire familiale oubliée, suggérer des ambiances sur fond de travail, d’amour et de morale de cahiers d’écoliers...
De cette alchimie sont nés ces regards croisés, où se perçoit l’admiration et une profonde empathie de l’artiste pour ce talentueux anonyme. Une magnifique appropriation qui se révèle ni intrusive, ni doloriste, mais de toute évidence pleine de tendresse et de jubilation.
Martine Fournier Rédactrice en chef de Sciences Humaines